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Le bien des absents

Ce qui surprend, dès avant la lecture du texte, c’est que le Palestinien Elias Sanbar a choisi un âge médian, la cinquantaine, pour faire état d’un récit biographique qui ressemble déjà fort à des mémoires.

Après une parution remarquée chez Actes Sud dès l’année 2001, Le Bien des absents est désormais publié en poche dans la collection Babel. Ce qui frappe ensuite, quand on connaît le calme que respire l’auteur, c’est que son ouvrage pourrait se résumer à une litanie des morts. Une très belle liste de proches, décrits un jour dans leur quotidien touchant et dans leur rêve de Palestine, un autre jour tués dans ce qui ne fut même pas un combat, massacrés par l’armée jordanienne dans la forêt d’Ajloun en 1971, carbonisés par un obus israélien à Tunis ou à Beyrouth, parfois assassinés d’une simple balle par le Mossad.
Etrangement, ce parcours de lutte à travers le monde se conclut par un simple dialogue de vacances entre Sanbar et sa fille. Il la prépare à humer l’air frais des premières hauteurs surplombant Beyrouth, comme lui-même l’avait appris quelques décennies plus tôt de son propre père, terrassé par une crise cardiaque au lendemain de la guerre des Six jours. On entrevoit alors ce que pourrait être « le bien des absents ». Non pas une Palestine fantasmée, ni sa métaphore, ni même l’expression pudiquement utilisée par Israël pour désigner les propriétés palestiniennes pillées, rasées puis réinvesties par de nouveaux occupants. A l’âge où l’on écrit pour transmettre, le bien des absents serait plutôt, au sens littéral du terme, un héritage d’optimisme, de sens moral mais aussi de mémoire, légué aux vivants par ceux qui ont disparu.

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