Art et culture

A Royaumont, l’extrême Occident a rendez-vous avec l’Orient

La fondation Royaumont et l’Institut du Monde Arabe rendent hommage au luthiste Saïd Chraïbi. Le 23 septembre : concert à l’Ancien réfectoire

Saïd Chraïbi connaît bien l’endroit et le chérit. Dès 1999 et à la faveur de l’année du Maroc, la fondation Royaumont, ancienne Abbaye fondée par Louis Philippe en 775, avait vibré aux rythmes et aux harmonies du Oud de Saïd Chraïbi. Cinq ans après, il y retourne, cette fois-ci en résidence pour un programme plus ambitieux réparti sur un volet enseignement du Oud et un volet concert ; l’occasion choisie aussi par la fondation Royaumont et l’Institut du Monde Arabe pour lui rendre hommage. Le travail de Chraïbi s’articulera autour du thème « chants profonds en langue arabe »; il s’agit de reprendre sur un nouveau mode musical, mais toujours dans la ligne du maqam, le patrimoine musical et son répertoire pluriel commun du Maghreb et au Machrek. Dans l’esprit de Royaumont, Chraïbi tentera de restituer devant le public lors d’un concert programmé pour le 25 septembre, un travail de laboratoire dans lequel s’épousent rythmes, grammaire musicale, mélodies et mélopées. Une musique dans la musique à travers laquelle L’Orient croisera l’extrême Occident. Frédéric Deval, directeur du département musiques orales et improvisées à la Fondation Royaumont est le Maître d’œuvre de ce projet empreint de rigueur esthétique et de générosité culturelle, puisque ouverte sur une altérité tendue vers des formes musicales périphériques, mais sans cesse fondatrices et essentielles. Il estime que « Royaumont reste le creuset des points d’entrée d’une culture musicale dans l’autre … Ni fusion, ni repli identitaire, la globalisation actuelle facilite les fusions autoproclamées qui sont de la pigmentation sonore ; on prend un peu de cithare et on introduit un sample en studio, mais la rencontre humaine est absente. A Royaumont tout part de la rencontre humaine. Le lieu qui a cette capacité de résidence, est d’abord fait pour la rencontre humaine. Le besoin des langages musicaux nouveaux est flagrant. Il vient des musiciens eux mêmes et à toute vitesse aujourd’hui, mais il faut l’épaisseur de la durée pour que cela prenne. Royaumont est également un laboratoire itinérant qui a pour objectif de diffuser dans le monde de la recherche universitaire et scientifique l’expérimentation en temps réel et avec de vrais musiciens. Nous avons eu l’opportunité de développer une collaboration avec l’école des Hautes études en Sciences sociales sous la direction de Jean-Louis Amselle, directeur de l’école doctorale et avec Alexis Nouss. L’ambition de ce laboratoire itinérant est de durer. Royaumont n’est pas une tour d’ivoire en auto-satisfaction sur sa propre recherche. Nous serons un peu partout.
C’est dans cet esprit que nous accueillons Saïd Chraïbi. Le concert qu’il avait donné en 99 était l’un des plus beaux de cette mémorable saison, que vous avions organisé en coproduction et en partenariat complice avec l’IMA. Saïd revient après un temps d’absence que la santé a largement expliqué. Nous allons lui rendre un hommage avec l’IMA le 23 septembre, ici au cours d’une grande soirée et il aura une master classe, un atelier qu’il dirigera pour une dizaine de musiciens professionnels de tous horizons du 10 au 12 novembre. L’année prochaine, il s’agit d’une toute autre aventure : nous débutons un cycle consacré au thème maqam et création sur les rapports entre les formes musicales héritées des citées des civilisations musulmanes et la création contemporaine musicale sous toutes ses formes. L’année prochaine, la première partie de ce cycle mettra en perspective des chanteurs et musiciens venus du Tadjikistan, Padarchan, de Syrie et de l’Andalousie Flamenca, et un certain nombre de musiciens extérieurs à ce noyau seront également convoqués. Parmi eux Saïd Chraïbi, qui accompagnera la cantaora flamenca Inès Bacan, de façon à ce qu’un jour, le chant flamenco se passe de sa guitare et retrouve l’aspect non tempéré. Saïd Chraïbi va être donc avec ce chant flamenco autre versant d’Al Andalus. Avec d’autres musiciens il agira comme un aiguillon pour déplacer leur univers culturel dans un imaginaire qui leur est proposé.

Le 23 septembre : concert à l’Ancien réfectoire
Saïd Chraïbi, oud
Naziha Meftah, chant
Rachid Hijaoui, derbouka, daf, bendir ( percussions).

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