Mantes la jolie, l’intégration par la réussite professionnelle
Aziz, Abdellah, Farid… sont considérés comme des modèles d’intégration parce qu’ils ont fait leurs preuves sur un plan professionnel. Aujourd’hui, ils tentent de faire profiter les jeunes de Mantes-la jolie, de leurs expériences en créant une association « Les jeunes Entrepreneurs du Mantois ».
Aziz Messier :
C’est ainsi que l’on surnomme Aziz Senni, ce jeune entrepreneur de 26 ans, aujourd’hui à la tête d’une entreprise de transport en commun. Car les habitants de Mantes-la Jolie, son fief, le considèrent non seulement comme un symbole de réussite sociale mais aussi comme un modèle d’intégration, même si le terme et le concept même sont totalement dénigrés voir parfois rejetés avec violence. Fort de cette position, il a décidé avec deux de ses amis, Abdellah Aboulharjane et Marc Delfau de fonder une association, »les jeunes entrepreneurs Mantois », pour venir en aide, orienter des jeunes porteurs de projet mais qui ne savent pas par où commencer. « La création d’entreprise est un véritable parcours du combattant sur un plan administratif et financier. Moi-même j’étais perdu au moment où j’ai voulu me lancer. Et j’ai même fait quelques petites erreurs. Aujourd’hui, je veux faire profiter les jeunes du Val fourré de mon expérience et leur prouver que s’ils ont des difficultés à trouver un emploi et à s’insérer dans la société active, ils peuvent se faire eux-mêmes cette place ». Pour Aziz, c’est cela même le principe d’intégration. Il passe forcément par la réussite économique et par cette fameuse place dans la société. Il affirme à juste titre : « la voie du salariat a des limites. Les Mohamed, Rachid… n’auront jamais certains postes. J’ai crée ma propre boite pour gagner de l’argent et pour avoir une reconnaissance sociale. » Par contre, son ami et cofondateur de l’association les jeunes entrepreneurs du Mantois, Abdellah Aboulharjane, également patron d’une entreprise de vente de produits artisanaux marocains, vient avec une toute autre conception de l’intégration. » C’est une sensation de bien –être, d’harmonie avec notre environnement. Je ne me pose plus de questions sur ma personne. Je suis français en France, et marocain au Maroc. Les jeunes qui viennent nous voir ont souvent des barrières psychologiques : des problèmes identitaires, un manque de confiance en soi. Certains n’imaginent même plus de trouver un emploi. Alors créer une entreprise, c’est de l’ordre du rêve pour eux. « .
Les jeunes parlent
aux jeunes
Avec ces deux piliers, « Jeunes entrepreneurs du Mantois » veut inciter justement les jeunes à passer à l’action, en transmettant le message suivant : « Si d’autres l’ont fait avant vous, c’est que vous aussi vous pouvez y arriver. Pourtant, des structures étatiques cette fois-ci offrent les mêmes services que cette association. Pourquoi alors créer cette structure? « Nous avons donné un cadre et officialisé ce que nous faisions déjà sur le terrain. Par ailleurs, ces organismes qui sont censés faire du conseil et de l’orientation sont souvent rigides et le dialogue n’est pas souvent constructif, et parfois décourageant. Nous, notre point fort, c’est que nous avons prouvé sur le terrain que nous étions capables de transcender tous les obstacles et de réussir. Par ailleurs, nous sommes à même de comprendre les barrières psychologiques auxquels ils peuvent être confrontés. Et puis, il ne faut pas oublier que nous sommes jeunes. « Les jeunes parlent aux jeunes, leur slogan est tout trouvé. Ainsi lors d’une rencontre organisée, il y a quelques semaines, avec l’appui d’acteurs économiques et sociaux locaux, plusieurs dizaines de Mantais sont venus les solliciter, certains avec des bribes d’idées d’autres avec des projets plus avancés ». Les jeunes qui nous avons rencontré nous ont montré qu’ils étaient très motivés. Beaucoup plus que la moyenne. Ils savent qu’ils ont plus de choses à prouver et qu’ils auront plus d’obstacles à franchir. Face à eux, il y aura forcément des gens sceptiques avec des préjugés pas forcément positifs qu’il faudra convaincre du contraire. »
Passer au-delà des barrières psychologiques
Les jeunes entrepreneurs du Mantois ne font donc pas uniquement du conseil mais il se chargent aussi de motiver les troupes et de les encourager dans leur entreprise pour défier les lois de la gravité sociale . Et parfois, ils sont encadrés à un âge plus précoce. Farid El Gada, responsable à l’association « Arc-en-ciel » en activité depuis février 2001 estime que les jeunes ont des rêves et ont envie de réussir au même titre qu’un autre jeune qui vit à paris ou dans n’importe quelle ville de province. Ils se sentent français à priori. Mais ils se trouvent face à une société qui les rejette, les méprise et qui ne leur reconnaît même pas leur appartenance à la nation française. Notre but est de les convaincre qu’ils ont une place dans la société et qu’ils peuvent y jouer un rôle. » Et c’est sans doute l’une des étapes à considérer avec le plus d’égard, pour que la désillusion ne gagne pas les esprits et que des destinées ne soient pas gâchées d’avance.

