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Législatives : quel nouveau projet politique ?

Les législatives de septembre suscitent de nombreux espoirs au Maroc. Mais ceux-ci ne pourront être satisfaits que si l’offre politique se montre, enfin, à la hauteur.

Au Maroc, les législatives sont de retour. Les Marocains seront-t-ils au rendez vous ? Certes, la société marocaine assiste à une nouvelle dynamique : nouveau monarque avec le nouveau concept d’autorité comme paradigme d’exercice du pouvoir, nouvelle génération avec de nouveaux horizons, nouveau mode de scrutin (liste), etc.
Les partis politiques ont-ils alors un projet mobilisateur qui puisse tirer profit de cette dynamique et répondre aux différents enjeux ? Quels seront les architectures du Maroc à développer dans les cinq années à venir ? Comment assurer un développement socio-économique soutenable et équitable ? Pensable et réalisable ? Comment faire profiter la croissance économique à l’ensemble des marocains ? Quels programmes politiques dans un environnement, mondial et national, complexe et difficilement maîtrisable ? Quels nouveaux rapports entre les différentes institutions de l’Etat ?, quel partenariat entre ce dernier et la société en pleine mouvance ? Peut-on parler de réforme politique sans une réforme morale en profondeur ? Comment faire de la politique extérieure du Maroc un comportement modèle sur la scène internationale ? Un comportement qui s’inscrive dans un système de valeurs particulièrement original : ni uniformisation de Francis Fukuyama, ni antagonisme de Huntington, ni néolibéralisme intégriste de Davos, ni « mondialophobie » de Porto Alegre. Un modèle qui intègre les différentes composantes de la société marocaine dans une dynamique synchrone.
Comment concilier le nouveau concept de l’autorité et l’approche sécuritaire de l’après 11 septembre ? Voilà, en partie, le genre de questions que se pose les Marocains. Nul doute, pour eux, que les réponses à ces questions, légitimes, dépassent de loin le potentiel des compositions politiques toutes tendances confondues, ce qui discrédite la scène politique et explique le taux élevé d’abstention, notamment chez les jeunes instruits qui voient dans les élections prochaines le maintien du statu quo et la reconduite des carriéristes. Les chiffres publiés dernièrement par le ministère de l’intérieur reflètent une réalité paradoxale : 61% des électeurs sont sans niveau d’études et 43% sans profession.
Le rapport électeur–élu est, essentiellement, régi selon les règles du modèle client-fournisseur : des électeurs avec des besoins à satisfaire et des élus avec des discours autour des services à fournir. Or celui qui ne possède rien ne peut rien, comme le dit le proverbe arabe. Il est temps alors de reconstruire le rapport électeur-élu, en se fondant sur le principe de responsabilité partagée ; chose qui ne peut se réaliser en l’absence de l’élargissement des libertés démocratiques.
Comme le dit l’économiste indien (prix Nobel 1998) Amartya Sen, Il est gratifiant de considérer les populations comme des agents pouvant exercer leurs libertés, plutôt que simplement comme des patients dont les besoins doivent être satisfaits. Créer des conditions favorables à l’auto- épanouissement de la société marocaine doit être la boussole de tout projet politique.

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