France-Libye
La réunion franco-libyenne tenue à Paris, les 21 et 22 octobre derniers, était une première depuis vingt ans, après les affaires du Tchad, du DC-10 d’UTA et de l’embargo imposé en 1992 à la Libye par l’ONU. Entretien avec Abdel Rahman Mohamed CHALGHAM, secrétaire du Comité populaire général aux relations extérieures et à la coopération internationale de la Lybie.
La Médina : Aujourd’hui, peut-on parler d’une amélioration des relations franco-libyennes ?
M. Chalgham : Bien sûr que les relations entre les deux pays se sont beaucoup améliorées et maintenant, il existe une coopération aux niveaux politique et économique, sur les dossiers régional et international.
Mais les familles des victimes du DC-10 d’UTA font pression sur leur gouvernement français dans sa relation avec la Libye…
Ce sont des enchères, l’affaire est entre les mains de la justice. La cour d’assises avait par ailleurs prononcé des condamnations à l’encontre de citoyens libyens et on est en pleine discussion pour trouver des solutions avec notre partenaire français. Je ne vois aucun problème qui va nous empêcher de les régler. Sauf pour ceux qui veulent nous harceler et empoisonner les relations entre les deux pays.
Sur quel sujet a porté votre discussion avec Dominique de Villepin, ministre français des affaires étrangères ?
Le sujet principal, c’est l’Irak. Mais nous avons aussi parlé des relations bilatérales et de la coopération en Afrique entre les deux pays. Aujourd’hui, nous partageons beaucoup de points de vue en politique internationale. Par exemple, en Côte d’Ivoire, la Lybie soutient le régime élu démocratiquement. Nous sommes aussi d’accord avec la France pour dire que sans stabilité en Afrique, on ne peut pas parler de développement.
Comment voyez-vous l’avenir de la construction du grand Maghreb ?
Malheureusement, les différends entre le Maroc et l’Algérie empêchent cette construction. Nous, nous pensons que l’avancement de ce projet va aider à dépasser les problèmes. Si on prend la situation dans l’Union européenne, les Britanniques ont été toujours contre l’application de Shengen et de la monnaie unique. Mais tous ces différends n’empêchent pas la construction de l’Union. En ce sens, c’est en avançant dans l’union du Maghreb que les différends vont se dissiper.
Que fait la Libye pour rapprocher les points de vue entre le Maroc et l’Algérie ?
La Lybie a incité les deux partis à se rencontrer, a appelé à un sommet maghrébin et a demandé aux deux pays de participer à l’Union Africaine. Elle a fourni ces efforts, en coordination avec la Tunisie, afin de rapprocher leurs points de vue.
Comment voyez-vous la situation actuellement dans les territoires palestiniens occupés ?
Notre position aujourd’hui est celle de tous
les pays arabes.
La Libye soutient-elle aujourd’hui l’Irak ?
Par principe, la Lybie a toujours été contre la guerre. Hier, elle a dit non à la guerre de l’Irak contre l’Iran puis contre le Koweït. Aujourd’hui, elle dit non à la guerre des Etats-Unis contre l’Irak.
La Libye se tourne vers l’Afrique. Certains parlent même d’une « forte présence »…
Les Arabes sont de nature à soupçonner toutes les initiatives. Avant, quand la Lybie a appelé à l’unité arabe, beaucoup d’histoires ont été racontées. Mais je ne comprends pas ce que veulent les Arabes : « Non à l’unité arabe, non à l’unité africaine… » Mais qu’est-ce qu’ils veulent ? Quand Israël s’implantait et investissait dans les pays d’Amérique Latine et en Afrique, personne ne disait rien. Aujourd’hui, la Libye prend des initiatives de coopération en Afrique, comme dans d’autres pays, en France, par exemple.
Nous, les Arabes, si nous continuons sur le même chemin à regarder le monde changer sans rien faire, demain nous serons envahis par un petit pays comme Malte. Il faut que les Arabes arrêtent de soupçonner toute initiative.
Existe-t-il une politique libyenne envers les Arabes résidant en France ?
On a un projet de Centre culturel et on soutient aussi l’Institut du Monde Arabe. Nous sommes prêts à soutenir les différentes initiatives pour promouvoir la culture arabe et aussi celles pour encourager les relations culturelles entre la France et la Libye.

