Elections communales : Entre la fraude et le boycott
L’Algérie n’en finit pas de voter depuis dix ans alors que la situation sécuritaire ne cesse de s’aggraver, particulièrement pour les populations isolées des campagnes. De nombreux massacres ont été perpétrés durant l’été comme si les assassins privilégiaient les périodes électorales pour punir une population pourtant déjà bien meurtrie.
Le scrutin du 10 octobre suscite également des remous en Kabylie, où la coordination des A’Archs appelle comme pour les législatives au boycott du scrutin. Pas de vote tant que les quinze points de la plate forme d’El K’Seur n’ont pas été entièrement satisfaits, telle est la position intransigeante des leaders du mouvement qui mettent la pression sur les autorités comme sur les candidats éventuels. Les partis politiques implantés dans la région se trouvent également dans une position délicate. Si le RCD de Saïd Saadi s’est retiré de la campagne, le FFS de Aït Ahmed avait annoncé au début de l’été son intention de participer à ce scrutin. La décision a surpris tous les observateurs habitués à une politique régulière d’abstention électorale du Front des Forces socialistes. Son leader avait d’ailleurs été surnommé Ait Boycott par la rue algéroise. Cette participation au scrutin n’a pas été appréciée par les courants berbéristes, y compris au sein du parti qui a dû faire face à de nombreuses démissions à la fédération de Tizi-Ouzou. Le mécontentement aurait été provoqué par la façon dont la direction du parti aurait confectionné les listes de candidatures avec la complicité de l’administration locale selon le quotidien Liberté.
Dans le reste du pays, c’est la fraude électorale qui sensibilise l’opinion déjà échaudée par les manipulations de scrutins précédents. Le président algérien a installé une commission de contrôle pour superviser le déroulement du vote. Mais de quelle autorité sera -t-elle investie ? Qui contrôlera les contrôleurs ? Pour parer de tels écueils, le MSP de Mahfoudh Nahnah demande que cette commission soit dotée de plus de prérogatives. Pour assurer la crédibilité des résultats, le MSP souhaite que les décisions de la commission soient au-dessus du gouvernement, du ministère de l’intérieur et des walis (préfets). Une demande que de nombreux Algériens estiment bien naïve eu égard aux promesses de transparence rarement respectées dans le passé.

