Convention France-Maghreb
La Convention France-Maghreb s’est cloturée par une remise de trophées, récompensant trois femmes chefs d’entreprise, pour la promotion des rapports entre la France et le Maghreb : portraits.
Hymane Ben Aoun
Née en France de parents tunisiens, licenciée en langues, son ambition était de s’orienter vers le domaine commercial. Elle travaille d’abord dans la bureautique, puis dans la communication. Cette expérience fut confortée quand elle intègra l’équipe d’un cabinet de recrutement en tant que consultante pendant un an avant de créer Diaphane RH, son propre cabinet en 1996 qui compte aujourd’hui une équipe de 12 personnes.
« Je n’ai jamais rencontré pendant ma carrière de difficultés liées à mes origines ; en tant que femme, c’est beaucoup plus facile et à partir d’un certain niveau de poste, les différences sont vécues comme des forces et non plus comme des faiblesses. J’ai eu des difficultés en revanche lorsque j’étais jeune étudiante et que je cherchais des jobs d’appoint ».
« En tant que chef d’entreprise issue de l’immigration, l’accueil de mes pairs ou de mes clients a toujours été chaleureux et mes origines n’ont jamais été un frein à quelque niveau que ce soit. Par ailleurs, je crois que les choses ne se passent pas de la même manière pour les hommes maghrébins qui doivent prouver davantage leurs intégration et leurs sérieux.
Sally Bennacer
D’origine algérienne, elle arrive en France en 1975, Elle s’est fixée comme objectif de rattraper en premier lieu son retard scolaire. Elle réussit à obtenir un BEP de secrétariat puis un BAC G1 et un DEUG de psychologie. Pour des raisons personnelles, elle a du interrompre sa scolarité pour commencer à travailler, tout en préparant sa licence en cours du soir au CNAM. Par la suite, elle intègre le monde de l’entreprise : »j’ai travaillé pendant 8 ans dans la même entreprise, où j’ai pu évoluer dans un milieu essentiellement masculin ». A l’issue de cette période, maîtrisant tous les postes, tous les produits, elle n’avait plus rien à apprendre et ne se voyait plus d’évolution possible dans cette entreprise. Elle a ainsi posé sa démission et a commencé à monter son projet de création d’entreprise ».
« Les débuts ont été très durs car, étant issue d’une famille modeste, je n’avais personne pour me conseiller et m’aider. J’ai donc acheté les livres nécessaires et je me suis documentée sur la création et la gestion d’entreprise. De plus, j’avais choisi un domaine masculin, où l’on faisait peu confiance aux femmes ». En outre, elle ne mettait pas en avant son origine maghrébine dans le milieu du bâtiment, les entrepreneurs de ce secteur étant souvent discriminateurs et n’ayant généralement affaire aux maghrébins qu’en tant qu’employés. Elle désirait avant tout être crédible et voir que ses clients avaient confiance en son sérieux et son travail. Son parcours, parsemé d’embûches, a été remarqué par le ministre de la ville, Claude Bartolone et son équipe. Ces derniers l’ont alors primée « Talent des Cités » en 2002 avec 37 autres candidats sélectionnés dans toute la France, ce dont elle se déclare aujourd’hui très heureuse car cela donne une autre image des jeunes issus des cités.
Rachida Belliard
Licenciée de littérature française à Fès, Rachida Belliard quitte son pays, le Maroc, à l’âge de 23 ans pour venir à Paris. Titulaire d’un professorat de sport, elle travaille pendant deux ans en tant qu’animatrice sportive dans la ville de Bagnolet et décide en parallèle de valider sa licence en psychologie, puis de passer un DESS en communication.
Après avoir occupé plusieurs postes à responsabilités dans des entreprises leaders dans leur domaine, elle décide de satisfaire son ambition et de capitaliser ses expériences. C’est en février 1995 qu’elle fondera sa société Pertinence, entreprise de conseil en gestion des ressources humaines et formation: « Ce projet mûrissait depuis 1990. Grâce à mon implication, les clients que j’accompagnais m’étaient fidèles et me faisaient confiance (…). Ma vie est faite de rencontres d’individus qui ont certainement compris que ma richesse résidait dans ma double-culture, marocaine et française. Il est d’ailleurs temps que nos managers intègrent le constat que la richesse de la France réside dans sa diversité culturelle. » Sa philosophie de travail lui permettra de développer un portefeuille client prestigieux, ainsi que des perspectives de travail avec des entreprises marocaines œuvrant en Europe comme avec des entreprises françaises œuvrant au Maroc: « les entreprises marocaines installées en Europe ciblent avant tout le marché de l’immigration. Je leur offre la formation nécessaire pour conquérir et fidéliser cette clientèle (…). «

