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Secrétaire général du parti de l’Istiqlal

Vieux briscard de la scène politique marocaine, Abass El Fassi n’a perdu ni sa verve de tribun, ni vivacité de franc-tireur. Dans ces propos recueillis à la veille d’un scrutin capital pour sa formation l’homme fort de l’Istiqlal avance à découvert et ne se prive pas, à l’occasion, de tirer à vue sur les compagnons d’hier. Avec une cible préférentielle : l’USFP. Entretien.
La Médina : Quelles sont les grandes lignes de votre action au sein du gouvernement de Mr Youssoufi ?

Abbas El Fassi : J’ai pris part à plusieurs gouvernements : De 1977 à 1981, j’ai été successivement ministre de l’habitat et l’aménagement du territoire, puis de l’industrie artisanale et des affaires sociales de 1981 à 1985. Depuis 1998 notre parti (Istiqlal, ndlr) a participé au gouvernement de Mr Youssoufi. L’expérience, pour inédite qu’elle fût, n’aura pas été un modèle. Pour la première fois, le premier ministre venait des rangs de l’opposition. Par ailleurs, le noyau dur de la Koutla se constitue de personnes acquises aux règles de la démocratie. C’est l’aboutissement d’un travail de longue haleine auquel le parti de l’Istiqlal a participé en la personne de Mr Mohammed Bousetta. Cette expérience est donc la notre à tous et le bilan qui en sera tiré nous engagera tous, malgré les tours qui nous ont été joués par le ministère de l’intérieur lors des législatives de 1997.

Comment entrevoyez vous l’avenir à la lumière de cette expérience ?
Je dois d’abord rappeler le fait que ce gouvernement est issu d’un consensus, et non d’un choix qui correspond à la volonté des électeurs de ce pays. Pour l’avenir, nous voulons des élections saines et fiables. Nous sommes optimistes car c’est la volonté de Sa Majesté le Roi. Nous estimons par ailleurs qu’un suffrage sincère la seule manière de construire un gouvernement fort disposant la confiance du Roi et des électeurs à la fois. Un gouvernement capable de réaliser les réformes en suspens.

Les élections prochaines présentent un paradoxe : d’un côté le nouveau mode de scrutin vise à privilégier les programmes politiques au détriment des personnes. Or l’électorat habitué à voter pour des personnes semble ne pas être apte à voter pour des programmes. N’y a-t-il pas de risque à avoir des résultats qui ne reflète pas la réalité ?
En réalité, chaque mode a ses avantages et ses inconvénients, ce mode de scrutin a été l’objet d’une vaste concertation entre le gouvernement et les différents partis. Nous avions, au départ, exprimé notre crainte de voir le scrutin uninominal doper hors proportion le score des petits partis. Néanmoins, nous avions fait preuve de souples sauf pour le cas des circonscriptions à cinq siéges où nous avons émis des réserves, bien reçues par le ministre de l’intérieur. Malgré le grand nombre des partis, je crois que les électeurs vont choisir les programmes d’abord, ils vont porter leur choix sur les grands partis démocratiques à moins que l’argent sale ne se mêle de la course.
Quels sont les points forts de votre programme ?
Nous avons des priorités. D’abord la résorption du chômage, notamment à travers la dynamisation du secteur privé, l’abaissement des impôts et la réduction des prix du foncier de l’Etat qui sera transféré au ministère de l’Habitat. Nous entendons également lutter contre la pauvreté en transformant 5% du budget de fonctionnement en micros-crédits redistribués à la population. Nous comptons dégager ces fonds par la suppression de dépenses futiles telles que les colloques et autres activités qui ne servent à rien. Enfin, nous aspirons à renforcer la paix sociale en respectant les libertés syndicales et le SMIG. Nous nous estimons capable de réaliser un taux de croissance économique de l’ordre de 5%.

Aucune réforme constitutionnelle n’est donc indispensable à l’exécution de votre programme ?
Pour le moment non, car nous avons une assez marge de manœuvre. Notre seul souci est la démocratie et le respect de la volonté des électeurs. A l’avenir, toute réforme doit faire objet d’un consensus avec le roi.

Hormis les idées, quelles sont les valeurs que défendront vos candidats ?
D’abord, le respect de l’islam, l’appel à la tolérance, la modération, l ‘équité et la justice sociale ainsi que le respect des droits de l’homme. Nous sommes contre l’extrémisme car l’islam est une invitation à tous les humains. Plutôt que de s’enfermer sur soi même il faut s’ouvrir sur le monde dans sa diversité. Pour nous, l’islam est une religion pour le monde ci-bas et l’au delà. Nous appelons aussi au respect dans toutes les situations de la monarchie constitutionnelle, que l’on soit dans l’opposition ou au gouvernement. Enfin, le respect de l’équité sociale et économique et le développement de la personnalité marocaine dans ses dimensions multiculturelles et linguistiques.

Qu’en est-il du renouvellement de l’élite au sein de votre formation ?
Nous sommes le seul parti dont le secrétaire général s’est retiré de son vivant. Pour ma part, le rajeunissement du parti a toujours été mon souci principal. Nous avons beaucoup changé par rapport à certains partis conservateurs tels que l’UFSP par exemple. Pour la place de femme, nous avons également innové en plaçant trois femmes comme têtes de liste ; chose que l’USFP n’a pas fait. Or, malgré ces efforts, certaines personnes continuent à mettre en doute notre capacité de changement.
Pourquoi le gouvernement n’a t-il rien fait pour l’organisation des élections aux MRE ?
C’est précisément la critique que j’ai formulé au gouvernement. Nous avons beaucoup à faire pour les MRE. Nous luttons pour que ce tort soit réparé lors des les élections prochaines. Ce qu’il faut pour les MRE c’est avoir un conseil de 150 MRE qui aura l’habilité de tout discuter avec le gouvernement au même titre que les deux chambres.

En cas où le premier ministre serait issu de l’UFSP , accepteriez vous la participation à son gouvernement?
C’est SM le Roi qui désigne le premier ministre, le premier ministre consulte les différents partis , et en tout cas je ne peux répondre à un premier ministre fictif. Attendons la suite pour voir.

Si le PJD vous appuie pour constituer une majorité et par là un gouvernement, quelle sera votre position ?
Je ne peux pas vous répondre, il y a vingt-six partis et l’on est pas encore aux résultats.

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