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L’ump et ses Français musulmans

Il y a six mois, deux secrétaires d’Etat d’origine maghrébine étaient nommés dans le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin : Tokia Saïfi au développement durable, et Hamlaoui Mekachera aux anciens combattants. Qu’en a-t-il été pour les postes administratifs moins « exposés »? Réponses de Français musulmans issus du plus grand parti de France.

Il y a eu comme un malaise après la présidentielle, un moment qui n’était pas à la hauteur de ce que nous avons vécu au second tour », reconnaissait le secrétaire général de l’Union pour la majorité présidentielle (UMP) et député-maire de Toulouse, Philippe Douste Blazy, à l’occasion du débat organisé le 1er octobre dernier par l’association Unir et le club Averroès. Nombreux sont ceux qui, au sein de l’UMP, se sont investis sans compter dans la cellule de cohésion nationale et au quartier général de Jacques Chirac. Pourtant, au lendemain de la présidentielle et des législatives, très peu de membres issus de l’immigration ont été nommés à des postes à responsabilité.
« La question de la compétence se pose. Il existe de nombreux médecins, chercheurs, avocats d’origine maghrébine qui pourraient apporter un point de vue original. Ils sont assimilés et participent à la vie économique de notre pays », explique Fatima Zellagui, membre fondatrice d’Unir. Aïssa Touazi, secrétaire général de l’association, développe la même idée. « Il existe énormément de compétences qui doivent s’exprimer et se faire entendre pour être le moteur d’une intégration réussie », confie-t-il. Pour l’ancienne cadre du RPR, l’opinion publique est prête à recevoir un discours fondateur tandis que le blocage se fait au niveau des partis politiques. « En 1995, Jacques Chirac nous a dit « Soyez acteurs ». Nous avons joué le jeu, nous sommes sortis de l’anonymat. Nous avons affirmé notre visibilité. Aujourd’hui, il y a une incompréhension totale au regard des efforts et des sacrifices consentis. L’assimilation est faite. Est-ce une stratégie, un mépris ? », demande avec lucidité Fatima Zellagui. « Pourtant, dix candidats postulaient à un ministère. Mais beaucoup d’hommes politiques sont prisonniers du politiquement correct. « 
L’ancienne cadre du parti gaulliste prône l’universalité dans le rapport que les jeunes issus des quartiers sensibles doivent avoir avec la politique. Ainsi, ils doivent aussi bien s’investir dans les questions environnementales (effet de serre) que dans celles liées à la situation internationale (Palestine).

Faire entrer un mouvement populaire à l’UMP
« La question de la compétence et de l’alibi se pose. Les gens ont parfois l’impression qu’on est nommé parce qu’on représente un électorat », analyse-t-elle. Pour Philippe Douste Blazy, une autre période commence, les citoyens musulmans doivent être acteurs. Ils le seront dans une cellule au sein de l’UMP. « Il ne s’agit pas d’avoir des voix d’une communauté mais une nécessité de reconnaître les différences. » Comment alors accroître la représentativité politique des citoyens français musulmans et favoriser la visibilité de ces citoyens sur la scène politique et dans les postes à responsabilité? Pour Fatima Zellagui, « l’objectif de l’UMP est de faire entrer des jeunes Maghrébins dans les fédérations du parti, car cela les réimplique : apprendre le civisme, être aux contacts des problèmes du quotidien. Cela permettrait l’émergence de talents qui existent. Aujourd’hui, nous sommes trop peu nombreux à être actifs dans des fédérations ».
Consciente que de nombreux jeunes issus des quartiers populaires sont déçus de la politique de la gauche, l’UMP souhaite accroître la prise de participation politique de ces citoyens au sein de ses rangs. »L’idée, à l’UMP, est de mener une grande réforme en direction des quartiers populaires, pour redonner ses lettres de noblesses au parti. On sait que l’essentiel de l’effectif des militants qui peuvent adhérer viennent de ces quartiers. Cette jeunesse milite car c’est son combat au quotidien. C’est un militantisme naturel par le biais du militantisme associatif. Ce militantisme s’organise et à droite, on a essayé de politiser l’action associative. Au RPR, nous avons fait entrer ce mouvement populaire dans le parti. Aujourd’hui, ces jeunes ont voté, certes pour les prises de position de Chirac sur le Proche-Orient, mais aussi parce que la droite mise sur l’égalité des chances ».
S’il existe une réelle volonté de l’UMP d’ouvrir ses portes aux citoyens français de cultures musulmanes ou plus généralement issus des quartiers populaires, de nombreuses difficultés subsistent, sans être spécifiques à ce parti. En effet, les partis de gauche comme de droite n’ont pas su anticiper l’évolution de la société française et de son paysage culturel. Les dernières élections municipales ont montré une incontestable prise de conscience dans les quartiers populaires. La multiplication des listes citoyennes lors de ces élections en témoigne. Reste à savoir si les partis politiques donneront leur chance à des citoyens qui ont des convictions et qui ne demandent qu’à pouvoir les exprimer dans les institutions politiques. En ce sens, l’accession des citoyens issus de l’immigration à des postes à responsabliltés dans les partis semble une nécessité. Alors que l’UMP est actuellement en pleine structuration, un bilan s’imposera dès le début de l’année prochaine. La situation sera alors beaucoup plus claire.

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