Les devoirs communs de la foi
Céder à l’utopie ou basculer dans le cauchemar ? A priori, le titre proposé par la revue Panoramiques pose un choix par défaut où la plus douce alternative n’offre que le confort dérisoire d’une fuite. Le sujet-il est vrai, est hautement passionnel : le conflit israélo-palestinien.
En préambule à cette réflexion plurielle coordonnée par Guy Hennebelle, Elie Barnavi et Leila Chahid, représentant respectivement Israël et l’Autorité palestinienne en France, donnent le ton. Le débat ne cède pas à la controverse manichéenne. Ici, les faits, quelque douloureux qu’ils soient, ne sont jamais que les révélateurs d’intentions pré existantes. Aussi convient-il de travailler sur les raisons qui engendrent tant de violences collectives. De cette hypothèse ambitieuse découle un diagnostic assorti d’une « thérapie ».
Reprenant le postulat notoire de la nécessaire « laïcisation », Panoramiques n’hésite pas à prôner la destruction symbolique des religions. « Tout lieu qui se prétend saint a tendance à se révéler criminogène » soutient Jean-François Kahn. Toutefois, l’appel vise moins la religion que le pouvoir qu’elle permet, et notamment l’abus qui en découle. Il s’agit, en définitive, de désamorcer une dangerosité potentielle et non intrinsèque. En ce sens, l’exercice se révélerait salvateur pour la religion elle-même, qui souscrirait en quelque manière à ce devoir critique qu’on lui réclame tant. La revue réussit à scruter le caractère religieux du conflit israélo-arabe, non du point de vue de la confrontation mais plutôt sous l’angle autrement plus « ijtihadé » du devoir commun. Un pas vers la sérénité du débat ; en attendant le silence des armes.

