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Grammaire française

La place des immigrés dans la société française est souvent source de questions, qui ramènent invariablement à la notion d’intégration.

Mais en parlant constamment d’intégration, on ne cesse de distinguer les « Français de souche » des « immigrés » tout en donnant à la suppression symbolique de cette distinction une valeur hautement morale, celle du « métissage » à travers un certain nombre de clichés verbaux contradictoire : « les médias et la publicité sont en partie responsables de cette situation paradoxale en abusant comme ils le font des images stéréotypées de la jeunesse immigrée. Que ce soit celle, inquiétante, du casseur ou celle, angélique, de l’anti-raciste, dans les deux cas, on jouie sur le contraste des couleurs de peau, on appuie systématiquement sur les différences d’origine ». L’objet de ce livre est, en partant de l’analyse de ce qui s’impose implicitement à travers ce que Wittgenstein appelait nos jeux de langage et qui comporte « toute une mythologie », de rechercher à comprendre « ce que parler d’intégration veut dire ».
En effet,  » Tout apprentissage de la langue se fait, pour l’essentiel inconsciemment; naturellement. C’est le cas du français pour tous les jeunes ayant vécu leur enfance en France .Quant au verlan, au langage « secret », adopté par les jeunes des cités, s’ils l’emploient pour se démarquer délibérément, c’est bien en français qu’il s’impose à chacun d’eux comme condition de son « intégration ».individuelle dans sa communauté (de quartier et non d’origine). « je n’ai pas le souvenir que pour les années quatre-vingts, les jeunes issus de l’immigration aient entretenu un accent distinct de celui des « Français de souche » et aient eu la moindre notion de verlan  » Ce vocabulaire : « babtous, rebeus, feujs » enferme leurs sentiments identitaires dans des mythologies raciales, dans l’amalgame et la confusion. Concernant les langues d’ »origine », l’auteur estime que, s’ils ne les pratiquent plus naturellement au sein de leurs familles, « leur institutionnalisation dans un enseignement spécifique(ELCO) ne s’est pas montré plus efficace ». Il cite, à l’inverse, l’exemple de familles cultivées où le livre demeure un support très présent dans l’éducation des enfants, mais le plus souvent, avant l’adolescence, le maintien de ces langues n’est pas ressenti comme un besoin par les enfants eux-mêmes ».
L’auteur met en scène les phénomènes actuels , ce qui est nouveau et ce qui ne l’est pas et montre, contrairement à la « mythologie » de la souche qui suggère une « essence » originelle commune aux Français dits de « souche », qu’il a existé et existe une diversité de manières d’être Français. Ce n’est qu’après la décolonisation que l’école républicaine s’est préoccupée de ses « enfants de travailleurs migrants » mais pourquoi leur est-il si peu naturel de vivre : « je suis intégré(e) ». Depuis plus de vingt ans qu’on dit vouloir l’intégration, pourquoi les difficultés ne cessent-elles de s’accumuler ? Si l’intégration est un faux-problème, il reste à comprendre pourquoi nous le prenons encore tant au sérieux et pour cela il faudrait commencer par reconnaître le besoin de « faire la différence », de se « distinguer »sans lequel la question de l’intégration ne se poserait pas.

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