Nawfal Bensari : Maghrébins en France, nouvelle génération
Nawfal est un jeune Marocain installé en France. Il fait partie des jeunes qui ont pu réussir un parcours estudiantin brillant qui vont les amener à occuper des postes de responsabilité dans de grandes entreprises parisiennes. Il est actuellement le directeur de la clientèle chez Publicis Conseil. Mais il n’oublie pas ses origines pour autant.
Quand on demande à Nawfal comment il est arrivé en France, voici ce qu’il répond : « Ce n’était pas un choix, c’est le destin de la famille. Depuis mon enfance, je me suis trouvé entre les deux pays. Mes parents, venus faire leurs études en France après ma naissance à Casablanca, m’ont emmené très petit. Personne ne m’a demandé en fait mon avis ».
Après leurs études, ses parents sont rentrés au pays pour retrouver leur travail. Le jeune Nawfal, après avoir eu son baccalauréat marocain, retourne sur les pas de ses parents pour finir ses études à Paris. « Depuis que je suis petit, je me trouve entre les deux pays et je me sens bien dans cette situation ».
Après ses études, il s’est installé en France pour des raisons professionnelles. « Après des stages, j’ai eu la chance d’entrer pour un premier travail dans une grande agence de publicité Euro RSCG, c’est une boite qui a organisé la campagne électorale de François Mitterrand. C’était une belle expérience. Après cinq ans, je suis parti pour d’autres aventures dans une société spécialisée dans la communication qui travaillait pour des sociétés comme l’Oréal, Air France, Philips et bien d’autres. Cela m’a permis de travailler pour des grandes sociétés dans le monde ».
Ce Casablancais, qui est aujourd’hui parisien, reste toujours fasciné par son pays d’origine. La nostalgie le pousse souvent à penser au retour : « L’envie de retourner m’accompagne toujours, un jour, peut-être, je vais retourner. D’ailleurs je n’ai aucun problème pour retourner au Maroc. Même aujourd’hui, je suis toujours en contact direct avec mon pays, à deux heures d’avion d’ici. En plus, on vit aujourd’hui à l’époque de la mondialisation où les frontières ont disparu. Actuellement, les peuples partagent beaucoup de choses. Un film sorti à New York est projeté en même temps à Paris et à Casablanca. On suit les mêmes informations et on écoute la même musique. Cela veut dire la formation d’une sorte de citoyenneté internationale. Mais il faut en même temps garder sa culture d’origine ».
Moments de galère
Les liens étroits entre l’économie du Maroc et de la France lui permettent de travailler sur des projets entre les deux pays. L’Office de tourisme marocain lui a demandé des campagnes de publicité. « J’avais l’occasion de travailler sur l’image de mon pays dans le marché français, c’était une belle expérience de travailler sur le Maroc avec des yeux de l’intérieur et de l’extérieur ».
Mais ces moments de joie et de réussite ont été précédés par les moments de galère.Tout le monde est passé par là, le transfert de papiers d’étudiant en papiers de résident avec les lenteurs administratives est difficile. « Même quand tu trouves un contrat du travail, ce n’est pas gagné. Cela est lié au secteur dans lequel tu travailles et aux circonstances de l’actualité. Au moment où j’ai fait ma demande, la France venait de connaître une série d’attentats dans les années quatre-vingt. Cette période était difficile pour les Maghrébins. En plus de cela, il faut être très brillant dans ton travail pour que l’employeur te défende et s’impatiente devant toutes les tracasseries administratives qui peuvent durer de trois mois à un an. Mais pour que l’entreprise accepte cette aventure et cet investissement, il y a une contrepartie ».
Nawfal Bensari est optimiste pour l’avenir de la communauté marocaine en France. Pour lui, elle est pleine de potentialité et elle est le pont entre la culture des deux pays : le pays d’origine et le pays d’accueil. « Au début de mon installation en France, je n’avais pas beaucoup de contacts. Je n’avais pas beaucoup de camarades à l’université. Après mon installation définitive, j’ai commencé à nouer des relations dans cette société. J’ai senti le besoin de m’exprimer en tant qu’acteur dans ce pays, même si on n’a pas le droit de voter encore. Pour le Maroc, nous sommes les ambassadeurs de notre culture. »

