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Quelle politique américaine après le 11 septembre?

Les relations diplomatiques de Washington répondent désormais à une seule obsession, la guerre contre le terrorisme.

« De toutes les régions du monde, le Moyen-Orient est sans conteste celle qui a été la plus directement associée aux attentats du 11 septembre 2001 », écrit le directeur de recherches au CNRS Alain Dieckhoff dans l’édition de Libération du 4 septembre dernier. Pour l’heure, le Moyen-Orient n’a pourtant pas été bouleversé par l’onde de choc de l’événement. En effet, la région n’a pas connu de transformations structurelles fondamentales. Pour autant, les attentats de l’an dernier n’ont pas été sans répercussions. Celles-ci ont essentiellement conduit à une réévaluation de la situation régionale. Ainsi, le Moyen-Orient n’est pas tout à fait compris de la même façon depuis le 11 septembre. Un maître mot a fait son apparition : terrorisme, et c’est désormais à travers ce prisme que les Etats-Unis et leur président George W. Bush entendent agir sur la scène mondiale, notamment au Moyen-Orient.
Or cette « guerre contre le terrorisme » ne suffit pas à fonder une politique cohérente. Non seulement le terrorisme des uns est souvent la résistance des autres : le Hezbollah libanais ou le Hamas palestinien sont considérés par leur partisans comme des groupes de résistants à l’occupation. Mais interpréter la réalité régionale en privilégiant l’angle du terrorisme amène à évacuer le contexte politique dans lequel la violence surgit, alors qu’il est nécessaire d’agir sur ce contexte. Ariel Sharon a très vite compris tout le profit qu’il pouvait tirer de cette situation.
Ainsi, le premier ministre israélien n’a cessé de dépeindre l’Autorité palestinienne comme une entité soutenant le terrorisme et, avec l’aval tacite de l’administration américaine, d’accroître l’intensité de ses offensives en Cisjordanie et à Gaza. Le président Bush a fini par s’aligner sur le premier ministre israélien, en exigeant que les Palestiniens choisissent de nouveaux dirigeants « qui ne soient pas compromis avec le terrorisme ». Le combat contre le terrorisme est ainsi devenu un moyen commode pour les Etats-Unis de discréditer ou d’écarter des dirigeants politiques qui ne leur conviennent pas.
Cela est encore plus vrai pour Saddam Hussein. Depuis le renvoi par Bagdad de la Commission de désarmement de l’ONU, en décembre 1998, les Etats-Unis pensent qu’ils ont eu tort de ne pas « terminer le travail » lors de la guerre du Golfe, en renversant le président irakien. L’après 11 septembre leur permet désormais d’envisager la fin du régime irakien. Parce qu’ils craignent une déstabilisation de la région, les pays arabes s’opposent à une attaque militaire. A noter cependant que la position de certains Etats arabes du Moyen-Orient est pour le moins ambiguë : Bahreïn et le Qatar, par exemple, y ont favorisé discrètement le renforcement de la présence américaine.
Si les changements d’envergure consécutifs à l’après 11septembre sont à venir dans la région, une certitude pointe : l’émergence d’un « nouvel Irak », pro-occidental, pourrait conduire à un rééquilibrage régional, avec un affaiblissement du poids de l’Arabie Saoudite. Un changement non négligeable au regard du souhait d’indépendance énergétique des Etats-Unis dans le monde.

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